Author: Xabi Otero
•2:51 PM
[Sur Reykjavík]

La ville s'allonge sur un sol assez baz et marécageux, entre deux collines. Une immense coulée de laves la couvre d'un côté et descend en rampes assez douces vers la mer. De l'autre s'étend cette vaste baie de Faxa, bornée au nord par l'énorme glacier du Sneffels, et dans laquelle la Valkyrie se trouvait seule à l'ancre en ce moment. Ordinairement, les garde-pêche anglais et français s'y tiennent mouillés au large ; mais ils étaient alors en service sur les côtes orientales de l'île.

La plus longue des deux rues de Reykjawik est parallèle au rivage ; là demeurent les marchands et les négociants, dans des cabanes de bois faites de poutres rouges horizontalement disposées ; l'autre rue, située plus a l'ouest, court vers un petit lac, entre les maisons de l'évêque et des autres personnages étrangers au commerce.

J'eus bientôt arpenté ces voies mornes et tristes ; j'entrevoyais parfois un bout de gazon décoloré, comme un vieux tapis de laine râpé par l'usage, ou bien quelque apparence de verger, dont les rares légumes, pommes de terre, choux et laitues, eussent figuré à l'aise sur une table lilliputienne ; quelques giroflées maladives essayaient aussi de prendre un petit air de soleil.

Vers le milieu de la rue non commerçante, je trouvai le cimetière public enclos d'un mur en terre, et dans lequel la place ne manquait pas. Puis, en quelques enjambées, j'arrivai à la maison du gouverneur, une masure comparée à l'hôtel de ville de Hambourg, un palais auprès des huttes de la population islandaise.

Entre le petit lac et la ville s'élevait l'église, bâtie dans le goût protestant et construite en pierre calcinées dont les volcans font eux-mêmes les frais d'extraction ; par les grands vents d'ouest, son toit de tuiles rouges devait évidemment se disperser dans les airs, au grand dommage des fidèles.

Sur un éminence voisine, j'aperçus l'École nationale, où, comme je l'appris plus tard de notre hôte, on professait l'hébreu, l'anglais, le français et le danois, quatre langues dont, à ma honte, je ne connaissais pas que le premier mot. J'aurais été le dernier des quarante élèves que comptait ce petit collège, et indigne de coucher avec eux dans ces armoires à deux compartiments où de plus délicats étoufferaient dès la première nuit.

En trois heures j'eus visité non seulement la ville, mais ses environs. L'aspect géneral en était singulièrement triste. Pas d'arbres, pas de végétation, pour ainsi dire. Partour les arêtes vives des roches volcaniques. Les huttes des Islandais sont faites de terre et de tourbe, et leurs murs inclinés en dedans. Elles ressemblent à des toits posés sur le sol. Seulement ces toits sont des prairies relativement fécondes. Grâce à la chaleur de l'habitation, l'herbe y pousse avec assez de perfection, et on la fauche soigneusement à l'époque de la fenaison, sans quoi les animaux domestiques viendraient paître sur ces demeures verdoyantes.

Pendant mon excursion, je rencontrai peu d'habitants. En revenant à la rue commerçante, je vis la plus grande partie de la population occupée à sécher, saler et charger des morues, principal article d'exportation. Les hommes paraissaient robustes, mais lourds, des espèces d'Allemands blonds à l'oeil pensif, qui se sentent un peu en dehors de l'humanité, pauvres exilés relégués sur cette terre de glace, dont la nature aurait bien dû faire des Esquimaux, puisqu'elle les condamnait à vivre sur la limite du cercle polaire ! J'essayais en vain de surprendre un sourire sur leur visage ; ils riaient quelquefois par une sorte de contraction involontaire des muscles, mais ne souriaient jamais.
Author: Xabi Otero
•12:38 AM




 



















Après avoir traversé quelques rues étroites où des galériens, vêtus de pantalons mi-partie jaunes et gris, travaillaient sous les bâton des argousins, nous arrivâmes devant Vor-Frelsers-Kirk. Cette église n'offrait rien de remarquable. Mais voici pourquoi son clocher assez élevé avait attiré l'attention du professeur: à partir de la plate-forme, un escalier extérieur circulait autour de sa flèche, et ses spirales se déroulaient en plein ciel.

<< Montons, dit mon oncle.
- Mais, le vertige ? répliquai-je.
- Raison de plus, il faut s'y habituer.
- Cependant...
- Viens, te dis-je, ne perdons pas de temps.>>

Il fallut obéir. Un gardien, qui demeurait de l'autre côté de la rue, nous remit une clef, et l'ascension commença.

Mon oncle me précédait d'un pas alerte. Je le suivais non sans terreur, car la tête me tournait avec une déplorable facilité. Je n'avais ni l'aplomb des aigles ni l'insensibilité de leurs nerfs.

Tant que nous fûmes emprisonnés dans la vis intérieure, tout alla bien ; mais après cent cinquante marches l'air vint me frapper au visage, nous étions parvenus à la plate-forme du clocher. Là commençait l'escalier aérien, gardé par une frêle rampe, et dont les marches, de plus en plus étroites, semblaient monter vers l'infini.

<< Je ne pourrai jamais ! m'écriai-je.
- Serais-tu poltron, par hasard ? Monte ! >> répondit impitoyablement le professeur.

Force fut de le suivre en me cramponnant. Le grand air m'étourdissait ; je sentais le clocher osciller sous les rafales ; mes jambes se dérobaient ; je grimpai bientôt sus les genoux, puis sur le ventre ; je fermais les yeux ; j'éprouvais le mal de l'espace.

Enfin, mon oncle me tirant par le collet, j'arrivai près de la boule.

<< Regarde, me dit-il, et regarde bien ! il faut prendre des leçons d'abîme ! >>

J'ouvris les yeux. J'aperçus les maisons aplaties et comme écrasées par une chute, au milieu du brouillard des fumées. Au-dessus de ma tête passaient des nuages échevelés, et, par un renversement d'optique, ils me paraissaient immobiles, tandis que le clocher, la boule, moi, nous étions entraînes avec une fantastique vitesse. Au loin, d'un côté s'étendait la campagne verdoyante, de l'autre étincelait la mer sous un faisceau de rayons. Le Sund se déroulait à la pointe d'Elseneur, avec quelques voiles blanches, véritables ailes de goéland, et dans la brume de l'est ondulaient les côtes à peine estompées de la Suède. Toute cette immensité tourbillonnait à mes regards.

Néanmoins il fallut me lever, me tenir droit, regarder. Ma première leçon de vertige dura une heure. Quand enfin il me fut permis de redescendre et de toucher du pied le pavé solide des rues, j'étais courbaturé.

<< Nous recommencerons demain >>, dit mon professeur.

Et en effet, pendant cinq jours, je repris cet exercise vertigineux, et, bon gré mal gré, je fis de progrès sensibles dans l'art << des hautes contemplations >>.
Author: Xabi Otero
•12:15 AM
Voici ce que je décide, répliqua le professeur Lidenbrock en prenant ses grands airs : c'est que ni toi ni personne ne sait d'une façon certaine ce qui se passe a l'intérieur du globe, attendu qu'on connaît à peine la douze-millième partie de son rayon ; c'est que la science est éminemment perfectible, et que chaque théorie est incessamment détruite par une théorie nouvelle. N'a-t-on pas cru jusqu'à Fourier que la température des espaces planétaires allait toujours diminuant, et ne sait-on pas aurjoud'hui que les plus grands froids des régions éthérées ne dépassent pas quarante ou cinquante degrés au-dessous de zéro ? Pourquoi n'en serait-il pas ainsi de la chaleur interne ? Pourquoi, à une certaine profondeur, n'atteindrait-elle pas une limite infranchissable, au lieu de s'élever jusqu'au degré de fusion des minéraux les plus réfractaires ?
Author: Xabi Otero
•12:04 AM

Descends dans le cratère du Yocul de
Sneffels que l'ombre du Scartaris vient
caresser avant les calendes de Juillet,
voyageur audicieux, et tu parviendras
au Centre de la Terre. Ce que j'ai fait.
Arne Saknussem.
Author: Xabi Otero
•5:02 PM
Mellery fell silent for several seconds, letting his comments sink in, then continued, 'Here's what I want you to do. Make a list of people you can't stand, people you're angry at, people who've done you wrong -and ask yourself, "How did I get into that situation? How did I get into that relationship? What were my motives? What would my actions in the situation have looked like to an objective observer? "Do not -I repeat, do not- focus on the terrible things the other person did- We are not searching for someone to blame. We did that all our lives, and it got us nowhere. All we got was a long, useless list of people to blame for everything that ever went wrong! A long, useless list! The real question, the only question that matters is "Where was I in all of this? How did I open the door that led me into the room?"

[...]

'Bad things happen to good people. But those good people do not then spend the rest of their lives gnashing their teeth and replaying over and over their resentful mental videotape of the burglary. The personal collisions that upset us the most, the ones we seem powerless to let go of, are those in which we played a role that we are unwilling to acknowledge. That's why the pain lasts - because we refuse to look at its source. We cannot detach it, because we refuse to look at the point of attachment'.

[...]

'The worst pain in our lives comes from the mistakes we refuse to acknowledge -the things we've done that are so out of harmony with who we are that we can't bear to look at them. We become two people in one skin, two people who can't stand each other. The liar and the person who despises liars. The thief and the person who despises thieves. There is no pain like the pain of that battle, raging below the level of consciousness. We run from it, but it runs with us. Wherever we run, we take the battle with us".